Élever et engraisser des bovins au pâturage, c’est possible !

Tel était le thème du voyage organisé en Normandie en décembre dernier avec la collaboration de Pâture Sens, dans le cadre du projet « pré-veau », qui vise justement à réorienter des bovins mâles actuellement valorisés en conventionnel vers les filières bio par le biais de l’engraissement au pâturage.

Un groupe d’éleveurs des Hauts-de-France a visité 4 fermes aux profils variés qui mettent en œuvre des solutions d’élevage au pâturage allant parfois jusqu’au plein-air intégral (hivernage en extérieur). Quelles « recettes » pour y parvenir ?


Une technique performante : le « techno grazing »

Le « techno grazing », c’est-à-dire en bon français, le pâturage en couloir avec fil avant/fil arrière. Toutes les fermes visitées le mettent en œuvre. Le principe est simple : on attribue à un lot d’animaux une surface et une quantité d’herbe correspondant à leur besoin, soit 4 % du poids vif pour des bovins en croissance. Puis on avance les animaux dans un couloir tous les 1 à 3 jours, le déplacement journalier permettant évidemment d’obtenir les meilleures performances à la fois pour l’animal et la productivité de la prairie.

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Plan de la ferme de Guillaume Baloche dans la Manche : 42ha ont été aménagés en techno-pâturage avec fils high-tensil et adduction d’eau le long de chaque couloir.

Des animaux capables de valoriser l’herbe au pâturage

Tous les bovins sont faits pour ça normalement, mais disons que certains le font mieux que d’autres : ceux ayant commencé à pâturer dès le plus jeune âge (y compris durant la phase lactée), les animaux précoces et légers. Les races Angus ou Hereford, en pure ou en croisement sur des races laitières, peuvent apporter cette précocité.

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Lot de génisses Aberdeen Angus hivernées sur une prairie RGA/TB en report sur pied, chez Aimé Pertron, ici au niveau du fil arrière.

La phase lactée, un des points clés

Les six premiers mois d’un veau sont cruciaux : la vache nourrice est une solution séduisante du point de vue sanitaire et temps de travail. C’est celle de Pierre Alain, éleveur laitier dans la Manche, pour ses génisses de renouvellement et ses bœufs jersiais « invendables à 15 jours ». Ces animaux partent en deuxième année chez un éleveur partenaire qui se charge de les mener au vêlage pour les unes et à l’abattoir pour les autres. Les vaches nourrices sont choisies parmi les réformées (cellules, boiteries) pour leurs qualités maternelles. Elles doivent en effet adopter chacune trois veaux en moins de 48h, puis les allaiter pendant 4 à 5 mois, jusqu’au sevrage, avant d’être « retapées » à l’automne pour la vente en boucherie. Dans son cas, les vêlages groupés de printemps facilitent les choses : les vaches sont en début de lactation au moment de l’adoption et peuvent rapidement partir sur des prairies éloignées en pleine pousse avec leurs veaux.

Des opportunités en Hauts-de-France

Durant ce voyage, nous avons rencontré trois éleveurs qui engraissent des bovins pour leur viande et/ou élèvent des génisses de renouvellement. Débarrassés de la gestion des vêlages comme dans un élevage allaitant-naisseur classique, le temps de travail est relativement réduit, d’ailleurs deux d’entre eux sont double-actifs. Tous prennent un grand plaisir à mener leurs animaux au pâturage et disent plus ou moins ouvertement en retirer une bonne rémunération à condition d’avoir des prairies bien aménagées et de peser régulièrement pour contrôler la performance des animaux. Ce métier est encore trop peu présent dans notre région, les opportunités sont pourtant nombreuses !

Pour aller plus loin, contactez : Bertrand Follet, 07 87 32 11 30, b.follet@bio-hdf.fr