Raphaël Delva, polyculteur-éleveur associé de la ferme du Rivetin à Eplessier (80)

C’est au sein de l’ABP (Agriculture Biologique en Picardie) que Raphaël Delva fait son entrée dans le monde professionnel. Avec une vision claire : accumuler un peu d’expérience à l’extérieur, avant de revenir sur la ferme familiale aux côtés de son frère, dans une région où l’élevage laitier est peu présent. C’est chose faite : il a pris le relais de son père le 1er avril 2020.

Son père et Benjamin, son frère, ont pris le tournant vers la bio en 2016. Cette transition a fait l’objet d’un accompagnement spécifique pour reconcevoir le système de façon autonome sur la ferme. « La ferme s’inscrivait dans un schéma classique, avec pas mal de maïs et de concentré achetés à l’extérieur, avec un peu de luzerne. », précise Raphaël. Ce tournant a impliqué beaucoup de changements pour les associés du GAEC, dont l’ambition était de devenir acteurs de leur filière. « Malgré pas mal de nouveautés, on a tout mis en place directement : on a réduit les surfaces de cultures de vente pour plus d’autonomie, on a retravaillé plus de surfaces herbagères à base de trèfle, luzerne et ray-grass… »

Un engagement total du système vers plus d’autonomie. Pâturage et fourrage produit sur la ferme, c’est désormais la règle pour les 140 vaches laitières. Pas si simple à mettre en œuvre avec un parcellaire morcelé et une route qui rend difficile l’accès aux animaux. « Jusqu’ici on utilisait l’autochargeuse pour nourrir les vaches : un bon outil qui nous permet de la cohérence dans notre façon de travailler, mais couteux en matière d’énergie, d’entretien, d’utilisation… ». Pour mettre un terme à cette situation et se projeter sur du long terme, Raphaël et son frère ont fait le choix de construire un nouveau bâtiment mieux situé, « toujours dans la recherche d’autonomie et de simplicité dans notre travail. Ce bâtiment nous est apparu comme la solution la plus cohérente ; un investissement qui nous projette sur le long terme ».

Par souci d’amélioration de l’organisation de leur travail, Benjamin et Raphaël ont cherché à grouper les vêlages : « On a mis 4 ans à tout regrouper, c’est la première année que tout s’est fait sur 3 mois. Les bénéfices sont multiples : c’est plus simple pour l’alimentation, et en matière d’observation sanitaire notre attention se concentre sur une période donnée, cela nous amène plus de rigueur et nous libère du temps sur une partie de l’année. » Un travail simplifié, sans chercher à atteindre des performances maximales, c’est la ligne de conduite des deux frères qui sont sur une production annuelle de 830 000 litres : « On essaie toujours de faire mieux évidemment mais notre regard sur les performances animales a changé. On se penche plutôt sur le lien entre le volume de lait produit et les surfaces de la ferme travaillées. On essaie de faire plus simple pour nous, mais aussi pour plus de cohérence environnementale. »

L’assolement a quant à lui évolué vers plus de diversification, en plus des méteils et de l’herbe : il tourne autour d’environ 8 cultures. « Ce fonctionnement offre une certaine assurance car quand on rencontre un aléa quelconque, si certaines cultures sont impactées, les autres s’en sortent. Les deux dernières années le prouvent : moyen pour l’herbe avec la sécheresse en 2022, mais plutôt correct pour les céréales, alors que la tendance était inversée en 2021 ».

Raphaël est impliqué au sein de la commission lait de Bio en Hauts-de-France, dont les acteurs se mobilisent en faveur de la structuration de la filière régionale et ambitionnent la création d’une association pour mieux planifier son développement : « En tant que producteur, on veut vivre de notre métier. En travaillant ensemble, on aura plus de poids sur la filière pour faire bouger les lignes. Sur mon territoire, les éleveurs sont toujours moins nombreux, c’est inquiétant pour demain. La création de l’association est pour moi fondamentale pour la pérennité de la filière lait bio. »

Un atelier de travail pour créer l’association est prévu au 1er semestre 2023.

DELVA

© Teddy Henin – Crédit Agricole

FERMOSCOPIE

  • 2007 : création du GAEC (binôme père/frère)
  • 2016 : conversion de la ferme en bio
  • 2020 : installation en GAEC avec son frère (relais de son père)
  • SAU : 200 hectares (120 pour les vaches, le reste en cultures : 40ha de blé, 10ha orge brassicole, 10ha lin fibre, 5ha petit épeautre, 5ha colza, 5ha lentilles, 4ha de chicorée, tournesol…)
  • CHEPTEL : 140 vaches laitières (Prim'Holstein et croisées Rouge norvégienne x Jersiaise par absorption)
  • EMPLOI : 1 salarié à plein temps + 1 apprenti à mi-temps + stagiaires sur périodes plus intenses
  • VENTE : en coopérative, circuit court et RHD pour l’huile de colza