A Beaurain, à la limite de l’Avesnois, Denis Semaille élève des vaches à viande de race Limousine depuis 10 ans. Un autodidacte guidé par ses envies, qui s’est construit un atelier de découpe accompagné d’un petit magasin au cœur du village dont il est le maire. A la clé, la satisfaction d’une production maîtrisée de A à Z, ainsi qu’une clientèle fidèle et ravie.

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Cet éleveur au parcours atypique se dit avant tout passionné par son activité qu’il développe d’abord comme un loisir « C’est un vrai plaisir de travailler avec le vivant, d’évoluer dans la nature. J’aime mes vaches, c’est une condition primordiale pour faire du bon travail ». Parti de rien, il aime raconter son histoire qu’il a construite intégralement, au fil des opportunités et surtout de ses envies « Mes parents n’étaient pas agriculteurs, mais j’ai quand même passé mon adolescence dans une ferme, celle de mon oncle. Je me suis essayé à l’élevage très jeune, en commençant avec quelques brebis. » En parallèle, Denis suit un parcours universitaire qui le conduira vite à passer le concours de professeur : enseignant dans le secteur du bâtiment, il se dégage alors suffisamment de temps pour poursuivre sa passion de l’élevage.

Il parvient à dégoter des lots de pâtures ici et là, puis se présente l’opportunité de racheter la ferme de son cousin « Un bâtiment pouvant contenir jusqu’à 80 bêtes, avec 5-6 hectares attenants à la ferme. J’ai démarché les banques en présentant un projet solide, l’activité a démarré en 2010 avec l’achat de 12 limousines pour constituer la base du troupeau, ainsi que des taurillons, mais j’ai arrêté assez vite cette partie  ». Deux ans plus tard, il a environ 25 vaches et l’activité se stabilise ; Denis souhaite de plus en plus s’émanciper des intermédiaires et commerciaux qui gravitent autour de lui. « Je me suis formé sur le tas, fait de nombreuses recherches. Mes pratiques ont évolué, mes frais véto sont passés de 6 000 € à 600 € par an. J’ai fini par me rendre compte que je faisais du bio sans être certifié ! » La conversion démarre en 2016.

Il dispose aujourd’hui d’un beau cheptel de 80 têtes « Je fais uniquement de la viande, je ne travaille plus avec les marchands de bêtes. Au début, je n’en vendais qu’à mon entourage et le bouche-à-oreille a fonctionné : j’ai construit un local à Beaurain, où mes bêtes sont découpées et commercialisées. Seul l’abattage s’effectue à Valenciennes. A ce jour, je comptabilise environ 150 clients : la vente se passe sur commande uniquement, je n’ai pas vraiment besoin de pub. » Il apprécie les avantages de la vente directe : la rencontre et l’échange avec les clients, la maîtrise de sa production, sans intermédiaire, la maîtrise des prix. Il loue son atelier à d’autres éleveurs bio de la région, ce qui permet de faire vivre l’outil : le planning est bien rempli.

Denis est installé dans une bonne routine de travail, il ne souhaite pas particulièrement se développer. Il aimerait trouver un peu de confort côté pâtures qu’il loue en partie à l’année et sur lesquelles il plante des haies, comme le faisaient les anciens « Les haies, les bêtes en ont besoin, c’est du bon sens ! J’ai choisi la limousine car c’est une race rustique qui nécessite peu de soins, ça m’apporte un peu de sérénité pour faire mes heures de cours. Elles sont en pâturage tournant et changent de parcelle tous les 3-4 jours. Cette année de sécheresse a été un peu stressante, j’ai anticipé avec 3 hectares de luzerne qui sont venus renflouer les stocks, j’ai tout juste de quoi passer l’hiver. Je ne veux surtout pas réduire mon troupeau. »

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