La moisson bat son plein : quelles perspectives pour nos céréales bios ?

1 – Le rendement fortement impacté par le climat

La campagne 2019-2020 nous rappelle une nouvelle fois l’interdépendance de nos systèmes de production au climat. Un hiver doux et pluvieux a rendu difficile l’implantation des céréales d’hiver, provoquant peu de tallage et un manque de pied au m2, à terme d'épis. Un printemps sec a limité la croissance des céréales de printemps, entraînant parfois aussi le salissement de certaines parcelles. Néanmoins, il ne semble pas y avoir eu d’impact sur la floraison et le remplissage des grains (peu d’échaudage).

Il est bien entendu trop tôt et difficile d’estimer les rendements, mais ce sera une année « moyenne » et très hétérogène selon les potentiels pédo-climatiques et les conditions d’implantation. Là où les rendements en blé tendre pouvaient atteindre 45 qtx / ha, nous risquons de perdre entre 5 à 8 qtx / ha.

2 – Les prix seront-ils à la hauteur ?

Comme l’année dernière, les prix des céréales en conversion (C2) sont revus à la baisse. Le triticale C2 est annoncé à moins de 190 €/T par exemple, alors qu’il était payé plus de 230 €/T en début d’année dernière.

La hausse des conversions (au 1er janvier 2020, vous êtes 210 nouveaux producteurs bio en région dont plus de 37% en grande culture [1]) et un choix d’espèces réduit en période de conversion (triticale, orge, maïs, pois, féverole) créent un goulot d’étranglement pour la valorisation des céréales et protéagineux C2 limités aujourd’hui à 30% (demain à 25%) dans la ration alimentaire des animaux.

Une fois la période de conversion passée, le prix des céréales bio reprennent un peu de souffle. On annonçait le mois dernier des prix avoisinant les 200 € / T pour de l’orge, 220 € / T pour du triticale et du maïs.

Enfin, les prix des céréales bio restent soutenus à très soutenus dès lors qu’elles sont destinées à l’alimentation humaine. Le blé meunier bio est payé aux producteurs plus de 450 €/T.

Même si la collecte de blé tendre bio semble se rapprocher de la consommation nationale (avec une hausse du volume produit de près de 40% entre 2018 et aujourd’hui. Cette production est estimée entre 240 et 250 000 T pour la campagne actuelle selon Franceagrimer), l’accroissement régulier de la demande de produits bio assure son débouché.

C’est d’autant plus vrai que l’on a constaté pendant le confinement une accélération de la demande de produits bio ; les stocks de farine n’ont pas été suffisants et d’autres marchés offrent de nouvelles opportunités.

3 – Quelques préconisations pour sécuriser vos débouchés dans la durée

Bio en Hauts-de-France encourage plusieurs pratiques favorables à l’équitabilité et vous apportant plus de sécurité dans votre engagement bio.

Analyser vos marges et vos coûts de production

Nous vous proposons de tester 2 outils développés au sein du réseau FNAB et de Bio en Hauts-de-France :

  • OPTIBIO : pour enregistrer et analyser vos pratiques à l’échelle de chacune de vos parcelles (lien avec télépac assuré) pour optimiser vos itinéraires techniques et vos résultats économiques. Si vous êtes intéressés pour tester l’outil, contactez-nous : jb.pertriaux@bio-hdf.fr / 07 87 32 64 37
  • Outil « prix de revient » : qui facilite l’analyse de vos coûts de production à l’échelle de votre système. Il vous permet aussi de faire simuler la création d’un nouvel atelier et fixer le prix de vente de vos produits par exemple. Pour plus d’infos, contactez : f.vandewalle@bio-hdf.fr / 07 87 32 64 30

Contractualiser

Il est essentiel avant de s’engager, d’identifier les prix et les conditions de collecte de vos metteurs en marché. Il s’agit également de vérifier la zone de collecte, anticiper avec lui les volumes production envisagés, la gestion des aléas et contractualiser.

La plupart des opérateurs préconisent cette contractualisation pluriannuelle (de 3 à 5 ans) avec un tunnel de prix assurant une adéquation entre la demande et les volumes produits.

S’organiser avec d’autres

S’organiser collectivement avec d’autres producteurs sécurise également votre engagement en évitant des comportements individuels déstabilisants pour le marché. La coopération permet aussi de mutualiser de la main d’œuvre et/ou du matériel.

Nous vous encouragerons à participer à la vie de la structure qui collecte vos productions : Assemblée générale, réunion de planification, bilan de campagne…

[1] https://www.bio-hautsdefrance.org/filiere-biologique/