Des stocks fourragers au plus bas

La situation climatique et son impact sur la pousse de l’herbe est très préoccupante. Des mesures de pousse d'herbe sont régulièrement réalisées sur 5 fermes bio de la zone Avesnois-Thiérache par la Chambre d'Agriculture, Bio en Hauts-de-France et Avenir Conseil Elevage. C’est une zone qui concentre plus de 200 éleveurs bio, nous mesurons une perte supérieure à 40% qui ne sera pas rattrapée (>3TMS/ha).

Mesure de pousse des prairies.jpg

À la sécheresse qui s'est installée depuis le début du confinement, s'est ajouté une canicule estivale qui devient habituelle. Depuis la mi-Août une bonne partie de la région Hauts-deFrance a reçu des pluies permettant un reverdissement des prairies mais parfois pas suffisamment (<15mm) pour une véritable repousse. C'est notamment le cas d'une bonne partie de la zone Avesnois-Thiérache. La situation à la mi-septembre ne montre pas d'amélioration du côté des précipitations. La chaleur et le vent œuvrent même contre la repousse.

L'automne arrive avec ses journées courtes et froides défavorables à la pousse. La carte cidessous qui date de début août indique que la région Hauts-de-France est particulièrement concernée avec seulement 45% de la production fourragère de référence d'après l'indice ISOP en Thiérache de l'Aisne par exemple.

Rendements ISOP.jpg

Pour beaucoup d'élevages, les reports de stocks de 2019 ont été consommés ou sont en passe de l'être. Ailleurs, on consomme déjà les stocks 2020, les stocks en entrée d'hiver seront au plus bas.

Une situation économique délicate pour les fermes d’élevage

Sur de nombreuses fermes, les trésoreries sont très entamées. Les éleveurs sont pris en étau entre la nécessité d'acheter des fourrages pour un volume de production de lait et de viande en baisse. Il sera souvent inévitable de décapitaliser (vendre des animaux) dans un contexte de prix en baisse vu l'engorgement du marché de la viande.

Dans ces conditions, les éleveurs conscients de la nécessité de maintenir les prairies naturelles sont touchés de plein fouet. Nombre d'entre eux ont mis en place des techniques innovantes de pâturages, ont veillé à contenir leur chargement. Malgré cela, les limites de résilience ont été franchies. Aucune ferme d'élevage 100% herbe n'est taillée pour supporter une chute de production des prairies de près de 50%.

Agribiolien, une solution de mise en relation offre/demande

Bio en Hauts-de-France s'efforce de développer la résilience des systèmes de production à l'échelle régionale notamment au travers de l'outil Agribiolien.fr. Cet outil permet de recenser les offres et les besoins en fourrages.

Bio en Hauts-de-France encourage vivement éleveurs et céréaliers à y inscrire leurs annonces. Des bourses aux échanges physiques seront organisées cet automne de façon à développer la confiance, l'interconnaissance et les échanges entre producteurs bio régionaux.

Favoriser les ressources disponibles en bio avant tout

Du côté des prairies temporaires et des luzernes issues des zones de grande culture, il semble que des fourrages de qualité biologique ou C2 sont encore disponibles. Les dernières coupes n'ont pas été faites, il semble donc prématuré d'accorder des dérogations pour accéder à des fourrages conventionnels, qui risque de décrédibiliser la filière bio. D'autant que toutes les régions françaises ne sont pas touchées de la même manière, les éleveurs bio en Hauts-de-France préféreraient s'approvisionner en bio (ou C2) hors région, avant de mobiliser des stocks de fourrages conventionnels. Par ailleurs les prairies naturelles conventionnelles de notre secteur sont aussi impactées et les disponibilités sont faibles à inexistantes sur ce type de couvert.

Vers un soutien public ?

A moyen terme, cet épisode doit être intégré dans les réflexions de système pour se préparer à supporter une nouvelle crise de ce type. Mais à court terme, il faut soulager les trésoreries des éleveurs. Bio en Hauts-de-France a identifié plusieurs leviers :

  • Le soutien à l'achat de fourrages ou au transport,
  • Un fond d'allègement de charges.

Les conséquences de la sécheresse vont au moins s’étaler jusqu'en mars 2021. C'est sur la période à venir que les besoins de soutien seront les plus forts.

Contact éleveurs laitiers, administrateurs de Bio en Hauts-de-France :

  • Yannick Przeszlo : 06 21 26 33 14
  • Sophie Tabary : 06 73 31 26 01