Maraîchage bio : en Hauts-de-France, on en est où ?

Avec la crise du Covid19, les maraîchers du territoire se sont adaptés pour absorber une hausse de clientèle en recherche d’une production plus locale et plus saine. A la fin du second confinement, on observe que cette clientèle s’est finalement redirigée vers d’autres voies d’accès à l’achat de fruits et légumes. Dans l’objectif de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses recueillies sur le terrain, un sondage a été diffusé par Bio en Hauts-de-France cet été aux maraîchers bio de la région afin de vérifier l’impact économique de cette période sur leurs résultats.

Un chiffre d’affaires qui ne suit pas l’évolution des coûts

Voici quelques chiffres :

50% des maraîchers expriment rencontrer des difficultés financières. Parmi ces difficultés :

• 38% sont liées au manque de trésorerie
• 23% sont liées au remboursement de crédit ou à du prélèvement privé
• 38% évoquent avoir des problèmes cumulés : investissements, prélèvements privés et paiement des annuités

Pour ce qui est de l’évolution du chiffre d’affaires (entre 2019 et 2022), on constate que :

• 40% des répondants ont une perte de chiffre d’affaires
• 40% observent une augmentation du chiffre d’affaires
• 20% déclarent un chiffre d’affaires égal au chiffre d’affaires obtenu avant la crise du Covid19

Ces chiffres correspondent aux résultats issus d’une enquête(1) menée par l’INRAE au sein d’un groupe de recherche qui étudie les performances des circuits courts en France.

Enfin, des pistes sont explorées par l’ensemble des répondants pour faire face à la situation. Les 3 leviers principaux mentionnés sont :

1. Une augmentation du temps dédié à la communication et à la commercialisation ou une évolution des circuits de commercialisation
2. Une recherche d’optimisation des charges opérationnelles pour augmenter le coût de revient des différentes productions
3. Une réflexion dans l’investissement à l’équipement

Un consommateur versatile

Au niveau du consommateur, on constate que les achats aléatoires sur ces 3 dernières années ont généré un sentiment d’instabilité chez les producteurs. De même, l’orientation publicitaire des GMS à l’égard du « local » a créé un effet dilution et de confusion de la clientèle qui désirait avoir accès à une alimentation saine et locale. Les GMS ont su reprendre une certaine part de la clientèle qui s’était orientée vers le circuit court. De plus, la réorientation du budget alloué à l’alimentation vers le loisir a également contribué à une réorientation du consommateur vers la GMS, qui possède une grande flexibilité dans le prix qu’elle pose sur ses produits d’appel.

Des facteurs de résilience pour faire face au contexte

Pour conclure, la volatilité de la clientèle sur cette période a profondément touché les producteurs, en particulier par le manque de reconnaissance vis-à-vis des efforts fournis par les maraîchers en matière d’investissements et d’adaptation. Même si une constance des ventes à l’échelle du territoire est constatée, elles ont pu faire défaut à certains producteurs.

Même si des ventes se sont stabilisées ou sont revenues à leur état d’avant crise Covid19, l’augmentation des charges sur cette période est telle qu’une stabilisation du chiffre d’affaires ne suffit pas à les compenser.

Deux leviers pourront permettre de réduire l’impact de cette période :

• D’une part, il va être nécessaire de se questionner sur la stratégie de commercialisation, que ce soit dans la communication comme dans l’efficience du temps passé dans chacun des circuits de commercialisation
• D’autre part, il va être important d’apporter une attention toute particulière au coût de revient des productions, afin d’investir au mieux pour augmenter l’efficience et tirer une meilleure marge, un meilleur résultat.

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