Valoriser les veaux bio laitiers à l’herbe

Les débouchés des veaux mâles issus des troupeaux laitiers bio étant depuis longtemps en repli, de nombreux animaux repartent fréquemment en système conventionnel pour y être engraissés. Réduction des pertes économiques pour les éleveurs, voire complément de revenu, diversification des productions, maintien des prairies, attentes sociétales… pour répondre à ces enjeux, la construction d’une filière est en route : c’est le projet « pré-veau ».

En agriculture biologique, on estime la production régionale à 6000 veaux mâles par an, correspondant à un besoin de 5000 hectares de surfaces pâturées. Cette filière pourrait favoriser également le développement de systèmes en grandes cultures, plus performants et résilients grâce à la réintroduction de l’élevage.

La production de lait de printemps augmente avec la productivité de l’herbe et représente un enjeu dans la gestion des volumes et des prix dans la filière laitière bio régionale. Par le sevrage des veaux à 3 mois, la création d’une filière d’engraissement à l’herbe permettrait d’absorber en partie ces surplus et favoriserait l’émergence de systèmes de production de lait en vêlages groupés. Par ailleurs, remettre la prairie au cœur des systèmes de production laitière est un défi à relever pour l’agriculture régionale. La prairie apporte une réponse systémique aux enjeux actuels.

Lancé en 2021, le projet « pré-veau » a commencé par l’étude de la faisabilité de créer un nouveau métier : éleveur-engraisseur à l’herbe. Puis a succédé la question du marché potentiel. Un Comité de pilotage a été constitué pour orienter les actions du projet.

En 2022, ces travaux se sont poursuivis avec notamment la mise en place d’expérimentations pour étudier la faisabilité technique et économique de cette production. Une quinzaine d’éleveurs a rejoint le projet, représentant 135 animaux de 5 naisseurs, 5 naisseurs-engraisseurs et 4 engraisseurs. Les 2/3 des éleveurs du projet sont dans leur 1ère année d’engraissement.

Parallèlement, une étude réalisée lors de la « Fête du lait » en septembre dernier (Le Quesnoy) est en cours de finalisation pour appréhender le ressenti des consommateurs sur la viande bovine bio et notamment engraissée à l’herbe.

Également, pour construire une filière cohérente, de nombreux opérateurs de l’aval ont été rencontrés pour échanger sur cette thématique. Parmi eux : Bigard, dont la démarche Herbopack répond aux mêmes enjeux en agriculture conventionnelle, Cevinor, UNEBIO, ELVEA ou encore Elivia.

Certains d’entre eux voient un réel intérêt dans ce projet et sont prêts à s’investir à nos côtés et suivre son développement. A noter que cette thématique n’intéresse pas seulement les Hauts-de-France : différents travaux sont menés sur l’engraissement à l’herbe, amenant des échanges au sein du réseau national FNAB, permettant d’enrichir nos projets respectifs.

L’année 2023 prévoit la poursuite de l’animation du réseau de producteurs impliqués, de l’accompagnement technique et de la caractérisation des marchés. Bio en Hauts-de-France envisage également une mobilisation auprès du grand public afin de porter un message clair autour de l’élevage bio, en rappelant ses principes et la corrélation positive entre agriculture et élevage en agriculture biologique.

Si cette thématique vous intéresse, n’hésitez pas à contacter nos conseillers-animateurs élevage et/ou à participer à la restitution du projet. Plusieurs rendez-vous sont programmés : lundi 5 décembre dans le Pays de Bray, mardi 6 décembre dans l’Aisne et mercredi 7 décembre 2022 dans le Boulonnais. L’objectif : en savoir plus sur l’engraissement à l’herbe tout en partageant un moment convivial autour d’une dégustation de viande bio.