Quand l'eau viendra à manquer... dépasser les constats pour agir dans les territoires

Les récentes études sur le bassin de l’Agence de l’Eau Seine Normandie détaillent l’impact du changement climatique à venir : moins d’eau, augmentation de l’évapo-transpiration et de la demande en eau, augmentation des périodes de sécheresse et de leur intensité…. Malgré ce sombre tableau, les échanges qui ont eu lieu lors de la conférence dédiée à la problématique durant le salon Terr’eau Bio ont montré que les acteurs étaient pleins de… ressources !

Diminuer les usages et prélèvement en eau : plutôt prévenir que guérir !

Les assises de l’eau de 2019 ont établi un objectif de diminution de la consommation d’eau de tous les usagers sur le bassin : -10% en 5 ans et – 25% en 15 ans. Il existe déjà dans notre région des zones où les « besoins » en eau dépassent ce que la ressource peut fournir. C’est le cas dans la région de Compiègne où le Syndicat Mixte de l’Oise Aronde (SMOA) a mis en place un plan territorial de gestion des eaux : un volume d’eau utilisable pour chaque usage a été défini. Ce volume disponible se réduira progressivement pour atteindre un plafond correspondant à la disponibilité de la ressource. Charge aux usagers de trouver les solutions pour s’y adapter. Cette initiative rejoint les recommandations du conseil scientifique du comité de bassin Seine-Normandie qui préconise la recharge des nappes phréatiques par une diminution des usages plutôt que la construction de retenues. Notamment car les retenues sont soumises à davantage d’évapo-transpiration et a une dégradation de la qualité de l’eau.

Agir dans les fermes

Les agriculteurs présents ont reconnu les marges de progrès à engager : augmenter le taux de matière organique, éviter les ruissellements, mettre des bandes enherbées en bas de pente… Il leur semble également nécessaire de donner une « deuxième vie à l’eau » : réutiliser les eaux de stations d’épuration en agriculture, renvoyer l’eau dans les zones humides, là où elle peut s’infiltrer...

Guy Vanlerberghe a témoigné des leviers qu’il actionnait sur sa ferme pour tendre vers un verger bio sans irrigation. « Pour garder l’eau dans les sols, il faut augmenter le taux de matière organique. La luzerne est un bon levier. De plus cela amène aussi du nitrate et quand on voit le prix des engrais… ». Par ailleurs, « La plante miracle pour augmenter la matière organique des sols, c’est la pâture ». Guy a donc réintroduit un élevage de moutons sur sa ferme. Pour garder l’humidité dans son verger, il expérimente par exemple une couverture du sol au pied des arbres avec de la luzerne et la laine de ses moutons.

Agir dans les territoires

Monsieur Ferreira, Président de la Communauté de communes du Liancourtois-Vallée Dorée a témoigné de son engagement : le plan de zonage a imposé la désimperméabilisation des espaces privés et publics pour favoriser l’infiltration à la parcelle. « Pour motiver les collectivités, nous avons pris une délibération pour financer les éventuels surcoûts. Et au-delà de l’eau, c’est quand même plus jolie une commune végétalisée » poursuit l’élu. D’autres propositions telles que la tarification différenciée ont été avancées. Le principe : augmenter le prix de l’eau passé un certain volume utilisé afin de pousser les usagers à plus de sobriété.

Madame Mercier, directrice territoriale des vallées d’Oise de l’AESN a conclu cette conférence en rappelant la nécessité d’un travail collectif entre tous les usagers : partager les besoins, les possibilités et les actions pour trouver des solutions collectives sur le territoire. « Il nous faut toujours plus de transversalité entre l’eau, l’agriculture, l’énergie pour avoir une approche globale sur la problématique. Le gaspillage, alimentaire par exemple, c’est jeter de l’eau » !

Pour en savoir plus

Le projet Res’eau. Initié par Agro Transfert auquel Bio en Hauts-de-France est associé, ce projet cherche à concevoir des systèmes de production plus économes en eau et plus résilients à l’aléa sécheresse, tout en s’adaptant aux futurs contextes pédoclimatiques des Hauts-de-France. Retrouvez l’ensemble des présentations sur notre site.

Contact : Delphine Beun, chargée de mission eau et territoires 07 87 32 45 14 - d.beun@bio-hdf.f

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