Olivier Lepoint

Racontez-nous votre projet de conversion : pourquoi ce choix ?

J’ai repris la ferme familiale il y a 8 ans. Dès mon installation j’avais fait un diagnostic de conversion, mais à ce moment je n’étais pas encore prêt dans la tête : je m’installais, j’avais la mise aux normes… Il y a deux trois ans, je me suis rendu compte que sur ma ferme de taille moyenne, une cinquantaine d’hectares, je devais créer de la valeur ajoutée si je voulais perdurer. J’ai voulu quitter un système dans lequel on m’achetait mon lait à la limite du coût de production.

Et puis, le fait de devoir toujours mettre des engrais, des phyto… Ça commençait à me peser, avec ce qu’on entend sur la rémanence des produits, les allergies etc. Je me suis dit qu’au final, tout ce qu’on avait appris ce n’était peut-être pas la meilleure ligne à suivre.

Et techniquement, ça fonctionne ? Quelles sont les principaux changements que vous avez opérés ?

J’ai eu la chance de pouvoir récupérer 7 hectares de prairies près de mon bâtiment : c’est là que ma réflexion pour revoir ma technique de pâturage a commencé. J’ai diminué mes surfaces de maïs au profit de prairies temporaires. Et surtout je me suis formé pour mettre en place le pâturage tournant dynamique. Je considère aujourd’hui mes prairies comme une vraie culture à part entière, une vraie récolte alors qu’avant je les gérais de loin. Je deviens très pointilleux : temps de pousse, hauteur d’herbe, parcellaire journalier, choix des espèces, dates d’implantation… Ces nouvelles compétences acquises en formation me permettent d’améliorer ma production d’herbe pâturée en qualité et en quantité. Et cela de manière économe : pas besoin d’investir beaucoup !

Quelles ont été les clés de réussite de votre conversion ? Auriez-vous des recommandations à partager ?

Pour moi, le maître mot c’est surtout de ne pas faire ça sur un coup de tête : il faut anticiper les choses, se former, rencontrer d’autres éleveurs. J’ai participé à des visites de fermes bio, des formations… J’ai également été accompagné par Bertrand Follet, conseiller Bio en Hauts-de-France. Le Point Accueil Bio lancé par le Plan Bio régional permet un accompagnement individuel gratuit. C’est important d’être accompagné par des techniciens spécialisés en bio. En formation, on échange avec des éleveurs bio expérimentés, des conventionnels… On n’a pas les mêmes avis, ça discute, on apprend plein de choses… C’est très enrichissant !

Et la suite ? Avez-vous encore des craintes ? Des marges de progrès ?

Maintenant que la gestion de la pousse de l’herbe est acquise, je dois encore m’améliorer dans ma conduite du troupeau : comment l’adapter pour me passer d’antibiotiques, de vermifuges… Je commence à croiser mes vaches de race Holstein avec des races plus rustiques comme la Montbéliarde : peut-être moins productive mais plus résistantes ! Je teste, je m’exerce… Heureusement, je sais que d’autres formations sur les médecines alternatives sont prévues dans l’Avesnois l’hiver prochain avec le réseau Bio en Hauts-de-France… J’ai déjà réservé ma place !