Véronique Cany

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Le collectif, moteur de la réussite des producteurs bio

Je suis installée sur 60ha avec mon mari. Nous avons engagé notre conversion bio au début des années 2010, progressivement et à plusieurs avec des voisins : ensemble on se rassure, on s’entraide. Aujourd’hui 100% bio, notre collectif de 4 producteurs s’est formalisé à travers la Bioteam. Nos conversions ont eu un effet tâche d’huile chez nos voisins et chez les producteurs membres de notre CUMA.

Confrontés à des besoins croissants en main-d’œuvre (nous avons introduit du légume) et souhaitant créer du travail pour les habitants de notre territoire, nous avons fait le choix de créer un groupement d’employeurs. Cette démarche collective nous a semblé naturelle.

109 contrats locaux, 40000 heures de travail : un groupement d’employeurs qui a réussi à créer un cercle vertueux pour engager une forte dynamique d’embauches locales

Pour pérenniser des emplois et fidéliser des salariés, pas de miracle : il faut être visible, proposer suffisamment d’heures sur une période suffisamment longue, en évitant les week-end.

En réussissant à mobiliser et à fidéliser de la main-d’œuvre locale, on a pu diversifier l’assolement, introduire de nouveaux légumes. Cette diversité de production a permis d’offrir une diversité de tâches sur un temps plus long durant l’année et donc de créer et pérenniser de nouveaux emplois. En adaptant les cultures au travail, les salariés démarrent leur contrat au groupement de plus en plus tôt dans l’année et finissent de plus en plus tard, ce qui participe à la fidélisation. Par ailleurs, la présence de ces salariés a permis d’envisager une activité de conditionnement durant l’hiver. Ce qui a également contribué à étaler au long de l’année les heures de travail que nous proposons.

Absence de rupture de contrats, fidélisation des salariés d’une année sur l’autre : quelques recommandations pour pérenniser l’emploi dans les fermes bio

Nous travaillons avec une dominante de public précaire, déqualifié, confronté parfois à des problématiques d’addiction. Être producteur bio c’est gérer de la diversité. Pour nous c’est la même chose avec les Hommes : nous recherchons la diversité dans nos recrutements : jeunes, vieux, hommes, femmes, diversités d’origines sociales et culturelles…

En augmentant le nombre d’heures de travail et en complexifiant les cultures, nous avons pu faire monter des personnes en compétences notamment sur l’encadrement…

Ça me conforte dans le rôle social que je souhaite donner à mon métier. Nos contrats redémarrent au début du printemps. C’est un repère dans leur vie car ils savent qu’ils peuvent revenir chez nous dès cette période. La problématique de mobilité est forte : 20% de nos salariés ont un scooter, les autres sont à pied ou en vélo… Je constitue les équipes de façon à organiser le co-voiturage.

Si on n’intègre pas cette problématique de mobilité, on n’a personne dans les champs.

L’enjeu pour nous, producteurs, est de prendre conscience qu’il s’agit là de nouvelles et réelles compétences à acquérir : communication non violente, management, ateliers d’échanges de pratiques professionnelles entre pairs, travailler sur l’estime de soi…