Colza bio : des références d'avenir pour le développement de la filière en région

Le colza d’hiver est une culture qui reste peu présente dans les assolements en agriculture biologique car réputée difficile. A l’échelle nationale, cette culture représente en 2019 près de 3600 ha dont moins d’une centaine en région Hauts-de-France.

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Alors que de nombreux agriculteurs conventionnels la cultivent, elle est abandonnée au moment du passage en bio. Le colza se retrouve d’ailleurs fréquemment en 1ère année de conversion (près de 800 ha de colza C1 en 2019 en région Hauts-de-France).

Et pourtant, le colza bio bénéficie de solides atouts agronomiques et d’une forte demande, pour une valorisation de son huile en alimentation humaine mais aussi de son tourteau en alimentation animale.

Nous estimons qu’il faudrait près de 4 fois plus de surfaces de colza pour couvrir les seuls besoins de la coopérative Biocer par exemple avec laquelle Bio en Hauts-de-France est engagée sur son projet de développement de la filière et de la culture de colza.

Aujourd’hui, la coopérative répond à hauteur de 10 à 15% à la demande de ses clients. Le potentiel de développement est immense. C’est la raison pour laquelle Bio en Hauts-de-France mène depuis 5 ans des expérimentations sur cette culture en partenariat avec Biocer et avec le soutien des financeurs du Plan Bio et en particulier l’Agence de l’Eau Artois-Picardie.

EXPÉRIMENTATION 2020 : UN COLZA APRÈS UN BLÉ DE LUZERNE, DES RÉSULTATS ENCOURAGEANTS

Sur la campagne 2019-2020, les essais ont été menés sur la ferme de Manâtre à Hiermont dans la Somme.

Les 7 modalités testées avaient 3 objectifs  :

  1. Eprouver l’intérêt des plantes compagnes gélives (sarrasin, féverole de printemps, lin) en association dès les semis de colza à 45 cm d’écartement. Ce système permettrait d’économiser 2 passages de bineuse à l’automne tout en se laissant l’opportunité de biner au printemps.
  2. Evaluer les performances d’un colza semé en 2e année après une luzerne (le précédent luzerne a été testé et approuvé les années précédentes).
  3. Tester l’implantation d’une légumineuse sous couvert au printemps pour obtenir une double récolte (pois fourrager) ou anticiper l’interculture (trèfle violet et trèfle blanc).

Le colza a pu être semé le 22 août dans de bonnes conditions et bénéficier d’un bon taux de levées. Les conditions sèches du mois de septembre ont cependant décalé les levées des plantes compagnes d’une dizaine de jours. L’hiver doux a permis un développement de la culture sur une bonne partie de l’hiver mais toutes les plantes compagnes n’ont pas gelé (féverole de printemps et lin). Le fort développement du colza et les conditions humides du mois de mars n’ont pas permis de biner et donc d’implanter les trèfles et le pois fourrager. La population d’adventices était plus élevée dans les modalités non binées mais peu préoccupante (véroniques 32 pieds/m2 , repousses de blé 8 pieds/m2 ). La moisson a eu lieu le 21 juillet dans de bonnes conditions (humidité 8,5). Les résultats de rendement sont de 26 quintaux en moyenne sans différences significatives entre les modalités.

Ce qu’il faut retenir :

  • Le colza semé en 2e année après luzerne est possible à condition d’exporter les pailles et de prévoir un apport de matière organique. Les rendements sont un peu moins élevés que les résultats habituels sur la ferme (- 5 quintaux) mais l’effet année n’est pas à exclure.
  • Les plantes compagnes, même en ayant passé l’hiver, n’impactent pas les rendements du colza (pas de différence significative).
  • Le sarrasin reste la plante de choix à associer avec le colza pour sa capacité de recouvrement et sa facilité de destruction.

Pour aller plus loin :

  • Découvrez prochainement notre livret de synthèse des témoignages d’acteurs de la filière et de producteurs expérimentateurs, des itinéraires techniques et les résultats obtenus.
  • Rendez-vous aux formations, tours de plaine qui auront lieu au 1er semestre 2021.
  • A noter : plusieurs itinéraires techniques alternatifs sur le colza seront présentés à l’occasion du salon Terr’Eau Bio à Brie les 2 et 3 juin 2021 !

Contactez Antoine Stoffel a.stoffel@bio-hdf.fr 07 87 32 64 37