Portrait : Agnès Kindt, maraîchère bio à Houplines (59)

Alors qu’elle travaillait dans la recherche en écologie, c’est une annonce de l’AMAP de la Lys à Halluin, à la recherche d’un producteur, qui lui donne envie d’écrire une autre page, celle de la terre. Fille d’horticulteurs, elle prend alors le chemin de la production maraîchère : activité démarrée d’abord en couveuse, elle s’installe officiellement en 2013. Elle célébrera en juin les 10 ans de sa ferme avec ses « amapiens ».

Choisir le maraîchage au lieu des fleurs c’est le pari d’Agnès qui décide de se lancer dans la production maraîchère après avoir pris connaissance d’une annonce : « L’AMAP de la Lys cherchait un producteur et offrait un cadre qui me correspondait : du lien avec les consommateurs et une agriculture paysanne, respectueuse de l’environnement. De plus, mes parents terminaient leur activité à cette période : une opportunité en matière de foncier. » Terres et circuit de distribution assurés, Agnès construit directement son projet en agriculture biologique.

Le démarrage de la production se fait sans expérience : Agnès se forme sur le terrain et participe à de nombreux rendez-vous techniques organisés à l’époque par le Gabnor « J’ai participé à tous les tours de plaine et à toutes les formations possibles. J’ai pu aussi m’appuyer sur le réseau de maraîchers local, au sein duquel l’entraide est réelle. » Son père la suit également dans son projet et lui transmet son expérience et ses connaissances techniques, notamment sur la production de plants : « Cela me permet de travailler avec des variétés locales, adaptées au terroir. » La montée en compétences dure environ 3 années, en lien aussi avec Romuald Botte, son parrain via les AMAP, qui l’aide sur la planification et le choix des variétés.

10 ans plus tard, rien n’est laissé au hasard. Agnès est dans une logique de petites améliorations plutôt que de gros changements : « J’essaie de mécaniser tout ce qui est dur et physique, j’ai standardisé la taille des planches, les bâches… me permettant de gagner du temps et d’augmenter un peu la surface de production ». Côté fertilisation, elle est parvenue à organiser le terrain pour travailler la rotation sur 6 ans : 3 ans en prairie temporaire (luzerne, graminées…) et 3 ans en culture de légumes. « C’est super en matière de fertilisation, j’ai assez de recul aujourd’hui pour confirmer que la méthode est bonne. Les poules sont intégrées à la rotation car présentes sur la parcelle lors de la dernière année de luzerne. Je fonctionne avec un poulailler mobile pour qu’elles aillent un peu partout. » Autour des parcelles, Agnès a implanté des haies, mais aussi des perchoirs et des nichoirs un peu partout. On retrouve également sur sa ferme un jardin de vivaces aromatiques et des plantes mellifères, une mare et des prairies fleuries. Une combinaison gagnante pour accueillir un maximum de biodiversité.

Agnès revend l’intégralité de sa production à 80 « amapiens », qu’elle approvisionne chaque semaine avec ses légumes de saison et ses œufs. « J’essaie de diversifier mes produits au maximum pour satisfaire ma clientèle, varier les plaisirs. » En parallèle, elle intervient en formation dans plusieurs lycées agricoles du secteur ; elle intervient également dans les formations proposées par l’Atelier paysan : « J’apprécie l’auto-construction, ça fait partie de mes points d’amélioration encore à travailler. »

Aujourd’hui, les satisfactions sont au rendez-vous : ce qu’Agnès aime dans son métier, c’est de pouvoir prendre des décisions, travailler en AMAP, mener des projets, chercher de nouvelles idées, continuer d’expérimenter des techniques… « Je ne m’ennuie jamais et me sens entourée notamment en faisant partie de plusieurs réseaux comme Bio en Hauts-de-France : c’est important de faire partie d’un mouvement, de se fédérer. »