Emmanuelle & Philippe ROY, producteurs de plantes aromatiques et médicinales (PPAM) à Haution (02)

Emmanuelle et Philippe cultivent leur jardin extraordinaire de plantes aromatiques et médicinales, à Haution, en Thiérache. Un petit nid de verdure qui compte aussi quelques arbres fruitiers. Le tout est transformé sur place, depuis 2018, en tisanes, confitures, sirops et autres produits d’épicerie.

Le Jardin Roy est une ferme en PPAM installée sur un hectare environ depuis 2018. Jusqu’alors, Emmanuelle cultivait ses fleurs et exerçait le métier d’institutrice. Et puis un jour, l’envie d’autre chose l’amène à faire de son jardin, une ferme qui produit des PPAM diversifiées. Un parcours atypique et selon Emmanuelle « Un projet pas murement réfléchi. L’installation officielle se fait le 1er mars 2018, la première récolte en mars 2019. Durant cette première année, je travaille encore à côté. La double activité se termine en juin 2019. » Soit une première année de recul lorsqu’elle se lance à temps complet dans le projet, avec quelques travaux nécessaires qui lui permettent de démarrer l’activité : salle pour séchoir, espace pour fabriquer les confitures, pièce de stockage.

En 2019, de plus gros travaux sont entrepris pour avoir à disposition des locaux plus adaptés : salle de vente et de stockage de matériel de récolte, salle de cuisine, pièce séchoir… Emmanuelle obtient la certification en bio dans la foulée. « Au début, c’est plutôt de la débrouille. Je participe à des formations courtes durant les vacances scolaires, notamment des formations du CIVAM que j’ai trouvées très aidantes, très techniques : sur les process, le séchage, l’entretien des outils… Et ça me fait rencontrer d’autres producteurs de PPAM ! » Ces formations sont bénéfiques et lui confirment si ce qu’elle met en place est correct ou non.

En parallèle, elle rejoint un collectif de producteurs diversifiés qui se construit en Hauts-de-France : il réunit plusieurs producteurs en PPAM sur petites surfaces qui ont pour objectif de travailler ensemble des sujets techniques, économiques et sociaux. « C’est toujours intéressant de voir comment les autres producteurs fonctionnent, ça permet aussi d’être moins seul sur sa ferme. On a une réflexion commune sur la qualité des plantes qu’on produit, avec l’idée de pouvoir honorer des commandes, ensemble, de quelqu’un qui voudrait plusieurs kilos d’une même plante, en gros. Une commande homogénéisée de plantes bio cultivées en Hauts-de-France. »

Au bout de 4 ans d’activité, son mari la rejoint et il se retrouvent à deux, à 100% sur la ferme. « On ne veut pas s’épuiser à produire en volume, mais plutôt travailler à échelle raisonnable. On mise sur la diversité des plantes cultivées et on fabrique nos tisanes sur la base de ce qu’on fait pousser, plutôt que le contraire. »

Au fil de l’eau et des opportunités, le projet s’étoffe et se diversifie avec le démarrage d’une activité d’accueil pédagogique et d’un gite. « Transmettre nous tenait à cœur, c’est vraiment inscrit dans notre ADN. Et la ferme s’y prête très bien, même si cela a nécessité quelques adaptations pour que l’accueil soit optimal. » Rapidement, ils organisent des portes ouvertes et entrent dans une dynamique locale en intégrant le réseau Bienvenue à la Ferme. Un moyen de se faire connaitre. « On accueille des scolaires et des particuliers, les animations sont adaptées. On parle du monde du vivant, des abeilles, du cycle végétal, de la germination, on montre ce que ça donne dans le jardin, comment on fait des mini mottes, comment se passe la récolte… puis on termine par une dégustation. Le message est facile à faire passer dans ce jardin-support vivant et inspirant! »

Emmanuelle et Philippe sont aujourd’hui encore à la recherche de leur équilibre production – commercialisation – accueil. Pour doper leurs ventes, s’appuyant majoritairement sur des revendeurs, la participation à quelques marchés et à quelques événements pour faire de la vente directe ponctuellement, ils ont mis en route un site internet qui permet l’achat en ligne « car en Thiérache, on est bien placés pour produire mais mal placés pour vendre. »

L’activité d’accueil pédagogique suit son développement et pour cela, un aménagement des parcelles pour les rendre plus accessibles a été effectué cet automne. « Notre chantier actuel, c’est de travailler sur la rotation des cultures, ce n’était pas encore en place. On a tout remis à plat, on a réduit les lignes de production pour ne cultiver que ce dont on a besoin. On recherche également l’autonomie en eau. On va vers quelque chose de plus fonctionnel en production et pour l’accueil du public également ».