Le retour en régie directe : ou comment reprendre le contrôle de sa restauration collective

Dans les Hauts-de-France, la majorité des collectivités choisissent de déléguer leur service de restauration collective à des sociétés spécialisées. Ces dernières acheminent dans les cantines des plats assemblés dans des centrales produisant des milliers de repas par jour, avec peu de produits bio et locaux. Autre constat alarmant : environ 1/3 des repas sont jetés quotidiennement1. Alors comment faire évoluer cette gestion de la restauration collective vers un fonctionnement plus vertueux au service du bien-être des convives, de l’économie locale et de l’environnement ? Bio en Hauts-de-France accompagne les collectivités cherchant à agir sur certains aspects.

photo FLAMENT, formation cuisine collective bio, college jean rostand, chateau thierry-9265

Une des solutions identifiées par Bio en Hauts-de-France pour faire en sorte que les services de restauration collective proposent des repas de qualité et soutiennent les productions locales est le retour en régie directe – c’est-à-dire passer d’une gestion déléguée à une reprise en main de la gestion du service par la collectivité.

En effet, en gestion « concédée » à une société de restauration collective, les collectivités n’ont pas toujours de marge de manœuvre pour demander au prestataire de s’approvisionner localement et d’assurer une certaine part de produits bio (a minima de respecter la loi EGAlim), de faire des plats faits-maison, de réduire le gaspillage alimentaire... Un manque de souplesse frustrant, qui se traduit souvent par un surcoût pour la collectivité lorsque la prestation est possible.

A l’inverse, en gestion « directe », la collectivité a la maîtrise de l’ensemble du processus et peut ainsi travailler plus facilement sur différents leviers de qualité :

  • commande de produits locaux et bio (recommandations PNSS42) ;
  • confection de menus de saison, rééquilibrant les apports de protéines entre les sources végétales et animales (recommandations PNSS4), adaptés aux productions locales, et intégrant un maximum de diversité alimentaire pour favoriser la santé et éduquer les enfants au goût ;
  • préparations faites-maison (recommandations PNSS4) ;
  • limitation du gaspillage alimentaire en mettant en place des actions sur tout le processus de restauration : lors de la commande des produits, en cuisine, lors du service ;
  • recrutement et formation des équipes à la cuisine faite-maison, bio, et à l’accompagnement des convives (éducation au goût, sensibilisation au bien manger et à la limitation du gaspillage alimentaire etc.)

Pour les collectivités, le retour en régie directe paraît souvent trop compliqué à réaliser à première vue. Menée en 2021, une étude de Bio en Hauts-de-France montre pourtant qu’il existe de multiples solutions possibles pour effectuer un retour en régie – seul ou à plusieurs – si la volonté politique s’allie à un portage opérationnel efficace. Une dizaine de retours d’expérience de communes françaises aux profils très divers (allant de 35 à 7 000 repas/jour) ou de regroupements de communes permettent d’en témoigner.

Cette étude a également mis en lumière les étapes, clés de réussite et points d’alerte lors d’un processus de retour en régie directe. L’ensemble de ces résultats est retranscrit dans un « Guide du retour en régie directe ». Cette publication présente également quelques premiers conseils méthodologiques génériques, permettant d’appuyer les élu-es et gestionnaires de services de restauration collective dans leur projet, sur la manière de faire évoluer ce service vers une gestion plus durable. Par exemple :

  • imaginer un format de reprise en régie seule ou à plusieurs,
  • maîtriser les coûts de fonctionnement,
  • choisir l’outil de production et le mode de livraison des repas,
  • introduire des produits bio locaux,
  • identifier le matériel de production nécessaire,
  • identifier les besoins en personnel et les formations recommandées,
  • ou encore créer un environnement adapté pour la prise des repas des convives...

Au-delà du guide, Bio en Hauts-de-France, entouré de ses partenaires, a développé un accompagnement visant à appuyer les collectivités tout au long de leurs projets, de la réflexion à la mise en œuvre. L’Agglomération de la Région de Compiègne est la première collectivité en région qui va bénéficier de cet accompagnement d’une durée de deux ans.

Pour les collectivités souhaitant agir, reprendre le contrôle de leur restauration collective et en savoir plus sur la démarche, n’hésitez pas à contacter nos équipes qui seront heureuses de vous renseigner.

CAMILLE ROMEU

Camille ROMEU

Chargée de mission alimentation & aides

c.romeu@bio-hdf.fr

06 74 69 87 60

1Moyenne nationale du gaspillage alimentaire dans les services de restauration collective – confortée par les pesées effectuées par Bio en Hauts-de-France dans les collectivités accompagnées en Hauts-de-France.

2 4e Programme National Nutrition Santé, lancé en septembre 2019, ayant pour objectif d’améliorer l’état de santé des Français-es à travers des conseils et bonnes pratiques relatifs à la nutrition et l’activité physique.

La loi EGAlim et les produits bio

Depuis le 1er janvier 2022, cette loi exige que les services de restauration collective s’approvisionnent avec 50% de produits de qualités dont 20% de produits bio.

D’après nos rencontres de terrain, cet objectif n’est, à ce jour, pas respecté dans la grande majorité des services de restauration collective des Hauts-de-France.

« Le retour en gestion directe de la cuisine centrale nous a permis de reprendre en main la question de l’alimentation dans la commune. Notre volonté était de développer un service de restauration scolaire de qualité ambitieux : plats faits-maison et 100% bio, meilleure capacité à activer les leviers contre le gaspillage alimentaire, mise en place de la liaison chaude respectueuse des préparations pour nourrir les enfants extérieurs au restaurant lié à la cuisine. Le service de restauration collective soutient également les producteur-ices locaux-ales bio dès que cela est possible. Cette qualité de service, ainsi que le lien de proximité, permettent de mieux conscientiser les enfants au "mieux-vivre" alimentaire. C’est un véritable investissement pour l’avenir de la jeunesse ! » - Thierry Flores, responsable de la cuisine centrale de Cazouls-lès-Béziers