L’Orbis, une solution pour tendre vers l’agriculture biologique de conservation ?

Gérer les adventices dans un système en rupture, sans travail du sol et sans herbicide, à l’échelle de la rotation, c’est l’objectif de l’essai pluriannuel ABAC (Agriculture Biologique – Agriculture de Conservation). Trois systèmes de cultures sont expérimentés : Système en Techniques Culturales Simplifiées (TCS), Système Strip till (travailler que la ligne de semis) et Système Semis Direct (SD).

Nous nous sommes rapprochés de la marque Roll N Sem en vue de développer un partenariat pour avoir du matériel à disposition et adapté à un système sans travail du sol. Eric Leroy, nous explique que « l’Orbis est une bineuse composée de disques inclinés et orientés en opposition sur 2 rangées ». Ce concept laisse la possibilité d’intervenir dans un système avec des résidus de cultures.

Sa particularité est qu’il glisse sur le sol, dans une situation sur sol nu comme sur des couverts. Il est capable d’arracher les plantules et lorsque la plante est plus développée, il l’abime à différent endroit, afin de la dessécher.

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Disques non lisses à 8 mm d’épaisseur

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Orbis en plein

La mise en place de cet essai ABAC a été réalisé en septembre 2022. Durant l’automne, il y a eu une explosion de ray-grass sur l’ensemble des modalités.

Sur le système en SD, le ray-grass est resté jusqu’au printemps et il a été détruit à floraison au mois de juin avec le semis d’un couvert multi-espèces au Weaving et un passage d’Orbis.

Dans le cadre de l’essai, l’outil est utilisé en plein et il est passé plusieurs fois pour assurer la destruction des adventices. Nous avons laissé une semaine entre chaque passage d’outil, ce qui a permis d’épuiser les plantes et de gérer le ray-grass au moment de l’implantation d’un méteil grain.

Le retour d’expérience de Jérémy Crespel, agriculteur bio

Jérémy veut passer la ferme en agriculture biologique de conservation. Pour cela, il a investi récemment dans un Strip till, le Stripcat de chez Sly, et dans l’Orbis de chez Roll N Sem, parce que « c’est la seule bineuse capable de passer dans des couverts ».

Depuis 2 ans, il teste de travailler en bande pour ses cultures, avec large écartement, ce qui lui permet de les biner et de gérer l’enherbement de ses parcelles.

En 2023, son sarrasin était implanté à 60 cm et biné avec l’Orbis. L’avantage de cet outil est qu’il peut être utilisé tardivement, puisqu’au fur et à mesure que la culture se développe, un disque est enlevé ; il a su gérer ainsi des chardons.

La gestion de l’enherbement avec l’Orbis dépend du type d’adventices et de son stade de développement. Selon l’expérience de Jérémy, le chardon peut être géré avec plusieurs passages. Mais le rumex, qui est l’une des adventices problématiques de la ferme, l’Orbis n’a aucun effet : « le rumex se couche et se relève après ».

Sur les graminées tel que le ray-grass, si l’Orbis est utilisé au-delà du stade plantule, il n’est pas efficace. Par contre au stade floraison, il y a des résultats : il a pu l’observer cette année avec le binage de son tournesol. Cela n’a pas été une franche réussite, car le binage a été fait trop tardivement et le ray-grass a fait des graines créant de nouvelles levées après la récolte du tournesol.

Eric Leroy, revendeur de Roll N Sem en région, confirme cette observation, « il faut détruire le ray-grass juste avant le stade floraison, sinon celui-ci finit son cycle malgré le passage de l’Orbis. »

Depuis son achat, Jérémy a déjà utilisé l’Orbis sur 500ha, il doit déjà changer les roulements trop usés. En faisant le calcul, l’Orbis lui revient tout de même moins cher qu’une bineuse classique : il pense devoir changer les roulements tous les 2 ans, alors que pour une bineuse classique, il faut changer les socs tous les 100ha.

Jérémy utilise l’Orbis dans de nombreuses situations en faux semis, en bineuse, ou encore en rouleau pour détruire ses couverts végétaux. Il a pris cet outil avec un réglage hydraulique, ce qui lui permet de passer sur tous ses types de sol et de s’adapter à chaque situation, « même dans des sols argileux, cet outil est intéressant ».

La limite de l’Orbis, c’est la répétition du nombre de passages qui peut créer un tassement – une compaction de surface du sol. En effet, « l’Orbis a tendance à damer le sol, car il travaille avec le principe de ripage. »

Ses premières utilisations de l’outil étaient toujours faites avec un réglage de la pression hydraulique au maximum, afin d’assurer la destruction des plantes. Mais avec le temps, il a appris à régler l’outil selon les besoins et donc dès qu’il peut, il travaille avec moins de pression.

Pour limiter ce problème de tassement, il pense investir dans une bineuse à dents, notamment la Binnove qui est une bineuse à parallélogramme inversé, ce qui lui permet de rentrer dans un sol dur, « plus le sol est dur, plus les dents vont rentrer ».

Cet outil lui permettrait de mieux gérer les parcelles avec des graminées. Il l’utiliserait également en complément de l’Orbis, avec un passage de bineuse à dents pour le dernier binage de la culture, afin de reprendre potentiellement le tassement créé par l’Orbis.




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Un autre essai lui permet de confirmer ce choix. Cette année, après la récolte, il a fait un 1er passage de Strip till, puis il est revenu au même endroit pour semer son couvert ; celui-ci est propre grâce au faux semis créé par le passage du Strip till.

Il a biné avec l’Orbis l’inter rang de couvert pour gérer les repousses et les adventices.

Pour préparer ses semis, il a essayé de faire un passage de Strip till dans l’inter-rang biné, il a remarqué que cette zone était très tassée, refermée et plus humide que les bandes avec le couvert qui a connu un passage de Strip till en amont. A cet endroit le sol était plus ouvert et aéré. Cela s’est remarqué aussi au débit de chantier, il pouvait rouler jusqu’à 12km/h dans les rangs avec le couvert, ce qui n’était pas possible sur les inter-rangs binés.

Jérémy pense que le système en bande est une solution pour développer l’agriculture biologique de conservation, avec un inter-rang large des cultures, laissant la possibilité d’intervenir, notamment pour gérer les vivaces. Son idéal serait d'avoir en inter-rang un couvert végétal qu'il détruirait à l’Orbis au printemps directement dans la culture.


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