La fermeture soudaine d’AgriViandes en juin 2024 a été un choc pour la filière viandes bio en Hauts-de-France, particulièrement pour la filière porc biologique. Acteur-clé de l’écosystème local, cette entreprise assurait l’achat, la transformation et la distribution de viandes bio vers les circuits spécialisés, la restauration collective et les grossistes. Sa disparition a mis à nu la fragilité du système et laissé des éleveurs de porc sans débouché. Mais cette crise a aussi agi comme un catalyseur, accélérant une restructuration collective portée par Bio en Hauts-de-France et soutenue par les membres de l’Association Viandes Bio.
Une filière fragilisée mais réactive
« On savait qu’AgriViandes rencontrait des difficultés, mais jamais on n’aurait imaginé une fermeture brutale », confie David Weksteen, éleveur de porcs bio à Herzeele et président de l’Association Viandes Bio. En cause : la fermeture de plusieurs magasins spécialisés et des commandes en restauration collective en dessous du prévisionnel communiqué. Cette accumulation de facteurs a provoqué une désorganisation de la chaîne de valeur, interrogeant la pérennité de toute la filière régionale.
Un audit pour reconstruire sur des bases solides
Face à l’urgence, Bio en Hauts-de-France a lancé un audit mené par Coline Philip, chargée de mission filières. Objectif : comprendre les besoins de chaque acteur de la chaîne et envisager des scénarios réalistes de relance. « Nous avons interrogé l’ensemble des parties prenantes pendant deux mois : éleveurs, ateliers, distributeurs, restaurateurs… », explique-t-elle. Ce travail de fond a permis de dresser un état des lieux précis et de poser les bases d’un projet collectif.
Dans le même temps, des expérimentations concrètes ont été engagées. L’entreprise Les Viandes du Chateauneuf, à Audincthun, a testé la viande d’un des éleveurs pour explorer de nouveaux débouchés, notamment vers l’Ile-de-France. Ces premières pistes ont ouvert la voie à une réorganisation plus large.
Une dynamique collective relancée
L’Assemblée Générale de l’Association Viandes Bio, en mars 2025, a marqué un tournant. Éleveurs, ateliers de découpe, distributeurs, enseignes spécialisées et restaurateurs étaient réunis pour définir ensemble les contours d’une filière plus solide et équitable. Ce nouveau souffle s’est concrétisé par l’adhésion de nouveaux membres : 27 éleveurs (bovins, porcs et ovins) regroupés au sein de « Viandes bio de l’Avesnois », deux éleveurs bovins, deux ateliers de découpe, cinq magasins Biocoop, un groupement d’achat et l’entreprise de restauration collective Croc la Vie.
Pour David Weksteen, cette relance n’aurait pas été possible sans le rôle de médiateur joué par Bio en Hauts-de-France : « Avec notre métier, on n’a pas le temps de recenser les besoins ni de coordonner tous les acteurs. Ce travail de fourmi a été décisif. »
Croc la Vie : un engagement structurant
Parmi les nouveaux membres, Croc la Vie illustre bien la logique de partenariat durable recherchée. Cette entreprise livre chaque jour 6 000 repas 100 % bio à des crèches du Nord et du Pas-de-Calais, en s’approvisionnant à 40 % en local. « Nous avons besoin de relations de confiance avec nos producteurs », explique Charlotte Pignon, responsable des partenariats. « En rejoignant l’Association Viandes Bio, nous avons trouvé un espace de dialogue où chaque acteur peut exprimer ses contraintes. Cela permet de construire des solutions durables. »
Un modèle à pérenniser
Ce renouveau de la filière viande bio régionale repose sur un principe simple : rassembler tous les maillons de la chaîne pour co-construire un modèle plus résilient, ancré localement, et rémunérateur pour les producteurs. L’Association Viandes Bio devient ainsi un véritable levier de structuration territoriale. L’adhésion est accessible à tous les acteurs de la filière pour 70 euros.
Coline PHILIP, c.philip@bio-hdf.fr I 07 87 32 28 60
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Viande bovine, et si on relocalisait ?
Le 27 août 2025 à Allonne (130 rue des 40 mimes, ZAC de ther) et Senantes (21 Rue des Peupliers (Amuchy)) de 9h00 à 16h00, venez rencontrer les établissements Lucien et l’EARL du Domaine du Brayon, des acteurs régionaux engagés dans l’élevage et la transformation de viande bio et régionale.
