L’agriculture bio, alliée de la biodiversité dans les Hauts-de-France

L’agriculture biologique est régulièrement questionnée sur son impact réel et chiffré sur la biodiversité. A l’échelle européenne et nationale, la littérature scientifique met en évidence que les parcelles bio abritent en moyenne 30 % d’espèces de plus, et jusqu’à 50 % d’individus supplémentaires. L’étude récente de l’INRAE « Biodivlabel » comparant les différents labels et leurs effets sur la biodiversité vient conforter ce travail. Mais qu’en est-il dans nos fermes régionales ? Grâce à une collaboration inédite entre agriculteurs et naturalistes, impulsée par Bio en Hauts-de-France, des données précises dévoilent son intérêt incontestable.

Face à une pression agricole élevée (usage de pesticides 30 % supérieur à la moyenne nationale, rareté des haies ou prairies, domination des monocultures) l’agriculture bio offre une alternative respectueuse des écosystèmes. « Elle recrée des milieux favorables à la faune et à la flore, avec des pratiques comme les rotations longues et diversifiées, la réintroduction de l’élevage et des prairies, les haies ou les bandes fleuries », explique Jean-Baptiste Pertriaux, co-directeur de Bio en Hauts-de-France.

Des inventaires d’arthropodes menés avec l’ADEP et avec le soutien de la DREAL en 2023 et 2024 ont mis en évidence l’abondance (nombre d’individus) et la diversité (nombre d’espèces) présentes dans les infrastructures écologiques des fermes bio (syrphes, papillons, fourmis, araignées, fourmis, coléoptères carabiques…).

En 2025, nous avons démarré le comptage de vers de terre et l’analyse de la faune microbienne permettant aux agriculteurs de mieux comprendre et gérer la vie de leurs sols. Cette démarche est menée dans le cadre du projet AgriBioDiv, en partenariat avec le Conservatoire d’Espaces Naturels, Terre de liens et avec le soutien de l’OFB. Elle implique 9 agriculteurs bio de la région représentant une diversité de systèmes : grandes cultures (dont une en ABC), maraîchage, prairies permanentes et élevage. L’objectif : comparer des parcelles en agriculture biologique historiques (plus de 10 ans) avec des parcelles récemment converties, afin d’évaluer les dynamiques de biodiversité liées à la durée de la pratique biologique.

Des protocoles de terrain rigoureux

Deux protocoles scientifiques ont été mis en œuvre :

  • Test Bêche Vers de Terre : permet de quantifier et qualifier les populations lombriciennes du sol.
  • Indice QBS (Qualité Biologique du Sol) : basé sur l’analyse de la mésofaune du sol, notamment grâce à un système d’extraction de type Berlèze.

Malgré une météo peu favorable (printemps sec, peu de pluie, vents soutenus), les résultats permettent déjà d’esquisser certaines tendances, avec une diversité fonctionnelle notable dans les parcelles anciennes en bio.

Une analyse fine à venir avec les diagnostics Ecodiag

L’inventaire des vers de terre et de la faune du sol ouvre la voie à la seconde phase du projet : les diagnostics d’enjeux biodiversité avec la méthode Ecodiag. Ces diagnostics seront réalisés sur quatre fermes entre mai et juin 2025. Enfin, de juin à septembre, deux protocoles de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB) seront déployés sur plusieurs fermes autour d’Amiens pour le suivi des papillons et les chauves-souris.

Notre réseau engagé pour aller plus loin

De nombreuses initiatives à l’échelle régionale et nationale permettent de soutenir les projets en faveur de la biodiversité dans les fermes bio. La FNAB a lancé un réseau de fermes ambassadrices de la biodiversité, une série de webinaires en partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux, une convention avec la Fédération des Conservatoires des Espaces Naturels, une convention avec le Printemps des Terres pour favoriser la plantation et la valorisation des haies…

Quelques chiffres clés

  • 108 échantillon de vers de terre
  • 45 échantillons qbs réalisés lors de 17 sessions
  • 15 parcelles étudiées sur 9 fermes aux pratiques agricoles diverses
  • 575 vers identifiés
  • 488 endogés, 46 anéciques stricts, 31 épigés, 20 épi-anéciques et 4 non déterminés