Sylvain et Inès ont su allier tradition et innovation sur leur ferme située en plein cœur d’une région de grandes cultures : le Santerre. Sylvain, fort de son expérience en élevage, et Inès, attirée par la transformation et la vente directe, ont repris la ferme familiale et créé un modèle complémentaire et durable, alliant cultures, élevage et transformation. Leur envie de contribuer au réseau bio les a conduits à accepter d’accueillir la prochaine édition du salon Terr’eau bio, mardi 17 juin 2025.
La ferme de Sylvain et Inès s’étend sur 42 hectares, où ils cultivent une grande variété d’espèces, dont du blé tendre, du seigle, de la féverole, du triticale, des lentilles vertes et rosées, du sarrazin, du tournesol, de la cameline et du colza. En plus de ces cultures, de l’herbe pour l’élevage de brebis allaitantes Suffolk, au nombre de 40, et quelques poules pondeuses. Leur verger d’un hectare, qui comprend des pommiers et des poiriers, complète l’ensemble.
L’organisation est bien huilée, avec une répartition des tâches qui s’est faite naturellement entre Sylvain et Inès : lui s’occupe de la production animale et végétale, tandis qu’Inès gère la transformation, ainsi que la vente des produits transformés : farine, pain, pates, biscuits, mais aussi de l’huile de tournesol, de colza et du jus de pomme. Pour ce qui est de la viande, ils privilégient la vente en caissettes, en direct.
Après 15 ans de recul sur la bio, pour Sylvain, « d’un point de vue technique, c’est intéressant, mais ce qui me frappe le plus, c’est la manière dont la bio facilite les échanges avec le consommateur. C’est beaucoup plus facile de discuter de ce que l’on fait, on se sent plus légitime, plus droit dans nos bottes ». En termes de vente et de transformation, il faut constamment dynamiser le processus. « Rien n’est acquis, il faut toujours rester attentif et continuer à entretenir nos efforts. Depuis la crise, on a bien ressenti l’impact sur les ventes, notamment en filière longue où les prix sont vraiment affolants. Cette situation renforce encore plus l’idée que la transformation est une option judicieuse, surtout avec la petite surface dont on dispose. Sans cela, il serait difficile de faire fonctionner la ferme à deux ».
L’agroforesterie occupe une place importante dans leur système, avec un linéaire de 10 km de haies plantées en 2009 puis en 2012. Le bois est valorisé pour alimenter le four à pain et chauffer la maison et la ferme. Une pratique bénéfique qui permet de participer à la préservation de la biodiversité locale. « On cherche à optimiser le temps consacré à la gestion des haies. Les haies ont un véritable impact positif sur le territoire. Les habitants sont satisfaits et apprécient leur présence, notamment d’un point de vue paysager. »
Ils valorisent également les prairies et le verger pour nourrir leurs brebis, qui partent chaque été sur des côteaux calcaires gérés par le Conservatoire d’espaces naturels, pour participer à la sauvegarde d’espèces emblématiques. « Ces échanges sont bénéfiques pour les deux parties, tout en ayant un impact positif sur la biodiversité ».
Sylvain et Inès reconnaissent que leur modèle agricole n’est pas exempt de défis. S’ils ont su tirer parti de la diversité de leurs productions pour traverser les crises, ils soulignent que cela demande une vigilance constante. « La diversification de nos activités reste l’un des piliers de notre modèle économique. Mais ce n’est pas facile tous les jours, on a facilement tendance à l’éparpillement ».
Sylvain et Inès se projettent sur la ferme et mettent en place des stratégies pour améliorer leurs conditions de travail. L’objectif ? « Faciliter la manutention, faire moins à la main et consacrer plus de temps à la vente et au développement de l’activité ».
En cette période difficile, ils croient en la solidarité entre agriculteurs pour surmonter les défis. En acceptant d’accueillir le salon Terr’Eau Bio sur leur ferme le 17 juin prochain « nous souhaitons aussi montrer que notre modèle peut fonctionner, même dans un contexte économique difficile. Mais nous sommes aussi conscients que chaque système a ses propres spécificités. Le salon est justement l’occasion de découvrir cette diversité. »
Fermoscopie :
- 2007 : 100% en bio
- 2010 : installation d’Inès
- 2015 : installation de Sylvain
- SURFACE : 42 hectares
- PRODUCTION : céréales, légumineuses, oléagineuses et de l’herbe pour l’élevage de brebis
- VENTE : en direct majoritairement (marchés, à la ferme, magasin) et en coopérative
- EMPLOI : 3 salariés sur la ferme à temps partiel et des stagiaires + Inès et Sylvain
