Lors de cette journée consacrée à l’adaptation des territoires au dérèglement climatique, les intervenants ont dressé un état des lieux clair des enjeux à l’horizon 2030. Ils ont notamment mis en lumière les impacts sur les politiques de l’eau et sur l’agriculture.
Le témoignage d’Olivier Devillers, agriculteur en grandes cultures et légumes de plein champ, a illustré de manière concrète les conséquences déjà perceptibles du changement climatique. Il a souligné la difficulté à anticiper les événements à venir, tout en partageant les ajustements qu’il met en œuvre : allongement des rotations, valorisation de la matière organique, implantation de haies, et recours à des variétés plus résistantes. Bien que son mode de production biologique apporte une certaine résilience, il doit continuer à adapter son système pour faire face à l’évolution du climat.
Le temps fort de la matinée fut sans conteste les interventions de Samuel Bonvoisin (association Pour une Hydrologie Régénérative) et de Jean Riaillon, vice-président en charge de l’agriculture et de la viticulture à la Communauté de Communes Rhône Crussol. Tous deux ont insisté sur un message porteur d’espoir : « Oui, il est possible de cultiver l’eau et de rendre nos territoires plus robustes ».
Au-delà des constats, ils ont présenté des solutions concrètes à portée de main : augmentation de la rugosité du paysage, cultures suivant les courbes de niveau, couverture des sols… Un point essentiel a été soulevé par Samuel Bonvoisin : le rôle clé de la matière organique dans les sols. En effet, chaque pourcentage de matière organique supplémentaire permet de stocker jusqu’à 150 m³ d’eau par hectare. Or, les sols français sont passés de 4 % de matière organique en 1950 à seulement 1,5 % aujourd’hui, entraînant une perte de capacité de stockage estimée à 10,5 km³ d’eau, soit l’équivalent de 15 000 « mégabassines » !
L’après-midi a permis aux participants de s’approprier ces leviers lors d’ateliers pratiques : compostage des biodéchets, réintroduction de l’élevage dans les systèmes céréaliers, et autres pistes pour renforcer la résilience des territoires. Des échanges riches ont permis de faire émerger de nouvelles idées, des projets à développer localement et des synergies prometteuses entre acteurs du territoire.
Ce sont 80 personnes issues de collectivités, de services de l’Etat et des agriculteurs qui se sont réunies le 14 octobre au Parc naturel régional Oise Pays de France pour la Journée des Territoires organisée par Bio en Hauts-de-France.
Retrouvez les présentations de la table ronde :
- Projections climatiques en Hauts-de-France – Agrotransfert
- Témoignage d’Olivier Devillers, agriculteur
- Témoignage de la Communauté de communes Rhône Crussol – Jean Riaillon
- Et si on pouvait cultiver l’eau ? Samuel Bonvoisin
- Politique de l’eau – Agence de l’eau Seine-Normandie


Delphine BEUN
d.beun@bio-hdf.fr
07 87 32 45 14